Moi c'est Charlotte et je n’aime pas le dénivelé.

Je déteste le dénivelé parce que ça casse les jambes, parce que ça fait mal. Parce que parfois c’est trop long, trop raide. Parce que j’ai trop de choses à porter, alors tout devient trop lourd. Pour avancer, je me fixe des petits objectifs, presque absurdes : "Va jusqu’à cet arbre et après tu t’arrêtes. Allez, juste encore cette pierre. Une pause après ce virage." Je joue des tours à mon cerveau pour ne pas m’arrêter.


Je déteste le dénivelé, car j’ai peur de ne pas y arriver. Ces chiffres de D+ sur le GPS me paraissent inatteignables. Une pente trop raide, un sommet trop haut, une courbe trop rouge. Et cette petite voix qui chuchote : "Tu n’y arriveras pas."


Et pourtant… j’adore le dénivelé.


J’adore prendre de la hauteur. Accéder à "la vue", celle qu’on ne trouve qu’en haut, après l’effort. Découvrir des endroits cachés, hors du monde, où seuls celles et ceux qui grimpent peuvent aller. Franchir un col, ce moment magique où tu bascules, et où tout change : les paysages, les couleurs, parfois même le pays. C’est une nouvelle vallée, une promesse d’inconnu à contempler et à explorer.


J’adore sentir mon corps avancer, grapiller des mètres, petit à petit. Peu importe ma vitesse, peu importe ce qui m’entoure. Je suis là, en mouvement. Je suis dans l’instant. Ce moment parfait où mon corps et mon vélo ne font qu’un, où le rythme est juste. C’est ma méditation, un stage accéléré d’introspection et de lâcher-prise.


Et puis, il y a la montagne. La haute montagne, surtout. Celle qui me fascine autant qu’elle m’effraie. Elle me rappelle mon humilité, ma fragilité. Je suis une brindille dans un milieu qui me tolère sans vraiment m’accueillir, un territoire brut, hors du temps, où la nature dicte ses lois.


Enfin, il y a ce moment unique : arriver au sommet. Ce sentiment de plénitude, d’avoir réussi. Et avec la montée, vient toujours la descente : cette sensation de voler, de filer à toute vitesse, de contempler le paysage qui défile, et de laisser mes jambes se reposer.


Alors oui, je déteste le dénivelé. À chaque fois, je râle. Je suis trop lourde, trop lente, trop fatiguée. Et pourtant, la magie opère toujours. Les jambes tournent, les mètres défilent, et je finis par atteindre le sommet. 


Et si on allait découvrir la magie du dénivelé ensemble ? Parce qu’à plusieurs, tout semble plus léger, et chaque sommet devient une victoire partagée.