Moi, c'est Laurent
Le vélo, ça a toujours été une histoire d’enfance. Mes premières montées, c’était dans le massif des Maures, à la recherche de têtards ou pour foncer chez mes cousines profiter de leur piscine. Puis le vélo est devenu mon moyen de transport pour tout : la fac, les entraînements, les jobs étudiants. Un jour, j’ai même traversé l’Europe en tandem. Pas forcément bien préparé, mais libre comme jamais.
Puis le Covid a tout arrêté. Mon boulot n’a pas échappé à la vague. Après ça, je suis devenu coursier à Toulon, que ce soit en vélo de route ou en cargo bien chargé. Une vraie thérapie à coups de pédales.
Et puis, un jour de juillet, tout a changé : je suis devenu papa. Le vélo a ralenti pendant un temps, mais il n’a jamais disparu. Dès ses 6 mois, ma fille était déjà dans une petite charrette, bien installée dans un hamac, pour ses premières aventures à vélo avec nous. Aujourd’hui, on roule ensemble, et c’est le début d’un tout nouveau voyage.
Ca y est, l'inscription Bivouak est faite
Nous sommes suspendus aux annonces des organisatrices. Nous, ce sont les "Bivouakos". Je ne les connais pas et je ne sais pas encore à quelle sauce mes cuissots vont être dégustés mais, j'en suis. Le programme annoncé de la Tapas Odyssey : 700 km et quelques 9000 m de dénivelé.
L'événement part de Montpellier alors que je réside au Puy-en-Velay. Mon emploi du temps et ma compagne me laissent la possibilité de partir la veille, à vélo. Hors d'œuvre de qualitey je vais rouler environ 160 km et 2200 m de dénivelé jusqu'à Arles pour récupérer un TER. La vérif matos est validey, la Tapas peut commencer.
28 septembre 2024, 6h15, à quelques centaines de mètres du point de rdv, en vélo, dans les rues de Montpellier : "- Salut, vous aussi vous prenez le départ de la Tapas Odyssey ?- Ouep, carrément. On va bien se marrer !"
Les rencontres ont déjà commencé.
Je suis arrivé seul sur cet événement. Intimement convaincu que c'est le meilleur moyen de rencontrer et de laisser le curieux·se, l'intéressé·e s'approcher.
Quelques photos du duo facétieux des Floé Reporter au point de vue aiguisé pour avoir le "avant - pendant - après". Un échauffement rythmé du grand Victor nous donne direct le ton de la journée qui s'annonce ensoleillée.
Et par vagues, la colonie de vacances version 2 roues s'élance sur "sa" Tapas Odyssey. Nous restons plutôt groupés en longeant la Méditerranée jusqu'au premier café et la première ascension qui nivelle les groupes.
Inspire, expire, c'est parti
L'excitation que j'éprouve me fait me sentir à ma place. Je ne suis pas seul à aimer le vélo. Jusque-là, je le savais mais ne l'avais que très peu expérimenté. Et ce n'est pas que de l'aspect physique dont il est question ici. Ce n’est pas une course mais le goût de l’aventure partagée.
Nous allons forcément tous vivre notre propre aventure, l'exploration de soi, des autres et de la découverte de nouveaux espaces. Le vélo est un fabuleux moyen de créer du lien. Par la trace offerte, c'est cela que Charlotte et Caroline nous apportent ! Un temps d'introspection rendre possible des rencontres qui ne l'auraient pas été autrement.
La Fabrica de Caminade
Nous avançons au fil des bivouacs, des paysages changeants qui défilent sous nos roues, et arrive déjà ce moment que j'ai coché depuis longtemps sur le cahier de route transmis par l'organisation. L’objectif de cette matinée : la visite de l'atelier de Caminade, artisan du vélo sur mesure en titane situé à Ille-sur-têt.
Outre le caractère singulier de ce joli petit bourg des Pyrénées orientales, la belle marque française a fait le choix de poser son atelier et sa zone de libre échanges de savoirs et de produits du terroir, La Fabrica, dans une construction historique typique de la région.
Nous découvrons avec des yeux émerveillés l'atelier dans son intégralité et le processus de conception décrit par Geoffrey. Les vélos sont exceptionnels. Les voir, les toucher, les essayer pousse titille l’envie d'en savoir plus sur cette marque.
Je peux enfin tester la boîte de vitesses de la marque Pinion, intégrée au vélo. La démultiplication annoncée est plus que convaincante. Je pourrais y passer la journée ! D’ailleurs ils en ont écrit un article pour finir de vous convaincre.
Mais aussi leur solution d'éclairage Llum avec une roue dynamo qui apporte son lot d'avantages également.
Un joyeux laboratoire d’alternatives possibles et désirables
La Fabrica, c’est bien plus qu’un atelier de fabrication de vélos : c’est un tiers-lieu chaleureux et vivant, pensé pour accueillir des alternatives joyeuses et conviviales !
En poussant la porte, on découvre un espace d’accueil avec des vélos en expo et, sur la gauche, l’atelier vélo Caminade. Mais ce n’est qu’une partie de l’histoire…
La Fabrica, c’est aussi une boutique 100% produits locaux et un bar où coule la bière brassée sur place par Geoffrey, qui a décidément mille talents. Des soirées festives et autres rendez-vous gourmands y sont régulièrement organisés pour faire vibrer le lieu.
Et pour les chanceux présents les bons jours, la cantine végétarienne ouvre ses portes. Au menu ? Des petits plats savoureux à prix libre et conscient, partagés autour d’une grande tablée conviviale avec les Fabrikœurs et les convives de passage. Malheureusement pour les Bivouakos, il faudra revenir une prochaine fois pour goûter tout ça… mais quelle belle excuse pour un nouveau détour dans le coin !
Bref, vous l’aurez compris : La Fabrica, c’est un concentré de vie locale, de créativité et de rencontres, un lieu qui respire la simplicité et la joie. À découvrir absolument !
Et bientôt, l'Espagne !
C’est reparti avec mon petit groupe d’aventure ! D’ailleurs nous sommes trouvés un nom à l'image de notre niveau global, à vous de juger : "Las Glandas".
Ce soir-là, les arrivées s'enchaînent à La Halte, le camp scout rebaptisé pour l'occasion par Bivouak. Les graveleux·ses sont ravi·es de trouver de quoi prendre une bonne douche, de recharger leurs batteries, de manger un super repas préparé par le staff, de boire une bonne bière et bien sûr de finir en beauté avec un karaoké.
Les Pyrénées sont là et le dénivelé s'enchaîne. Un dernier col en bivouac avec de superbes lumières pour recevoir nos éclats de rires de fin journée.
Après une nuit à lutter contre l'orage heureusement abrité, nous reprenons la trace sous un ciel totalement dégagé, en parcourant les crêtes d'un parc aux faux airs de mes Maures d'antan. Un grand toboggan et des chemins gravel typiques de la Catalogne nous amènent doucement vers la mer. Las Glandas se sont reformés et avec eux leurs discussions teintées de blagues, de douceur et de confidences à peine édulcorées.
Déjà le dernier jour. La mélancolie envahit nos tours de pédales. Ralentir pour arriver au plus tard ou avancer pour profiter de la détente de fin de journée. Joie, fierté et déjà, nostalgie sont mêlés. Le sentiment qu'avec ceux-là, il peut y avoir d'autres projets.
Une grande fête de fin d'aventure nous attend à Banyoles ! Toutes et tous les Bivouakos sont là et signent ensemble la fin de cette Tapas Odyssey.
Puis le train m'a ramené et j'ai reconnu sur mon trajet des étapes ou passages empruntés à l'aller. Ce temps qui défilait sous mes yeux. Le temps que j'avais passé sur mon vélo, bien accompagné.
Et de me dire que maintenant, tout pouvait recommencer.
Laurent Novo
